L'enfant, Carole Thibaut

L'enfant est une pièce de théâtre hors du temps. Sa quatrième de couverture nous annonce qu'il est question d'une petite communauté humaine ordinaire dans un village du sud de la France ; d'un nouveau-né trouvé sur le seuil d'une maison ; d'un été trop chaud, sec, irrespirable ; d'un homme qui finit par brûler ses livres ; d'un autre qui n'aime plus sa femme et ne veut pas se l'avouer.

Il est question de chasseurs en mal de chasse, qui partent à la chasse à la femme et à l'enfant ; d'une femme qui berce son vide d'enfant comme elle le ferait d'un enfant vivant ; d'une idiote à qui on a retiré son nouveau-né et qui en vole un ; d'une mère qui aime trop son vieux fils et pas assez sa fille ; d'une vieille intellectuelle de droite qui trompe son ennui avec de jeunes maçons de gauche.

Il est question d'un village en flammes.

Avec une langue particulière, Carole Thibaut présente une pièce atypique, et pleinement destinée à la représentation.

Les personnages de L'enfant sont assez inaccessibles, pleins de bons sentiments. Certains se mêlent parfois, perdent le lecteur, sans toutefois étioler le propos. Ce même propos est proposé ici avec une langue pas toujours théâtrale en elle-même, mais dont l'essence reste toujours propice à la représentation. L'absence de ponctuation donne au lecteur cette possibilité d'interpréter certaines phrases, certains messages - si message il y a. 

La trame dramatique est relativement bien mise en valeur. Rapportée par les différents personnages, le lecteur n'est pas perdu face à cette foule d'avis, de propos, concernant les différentes figures dont il est question.

C'est donc avec cette écriture au service de la représentation que Carole Thibaut écrit ce texte. Pièce que l'on pourrait rapprocher - sans toutefois comparer - à Ionesco - de par ses personnages notamment -  L'enfant reste une bonne pièce qui prend en charge le rôle premier du manuscrit dramatique : être joué.

L'enfant, Carole Thibaut, Lansman, juin 2012, 12€