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Actualité et nouveautés littéraires

1 septembre 2015

Un amour impossible, Christine Angot

 

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En cette rentrée littéraire 2015, le blog reprend du service avec l’un des piliers de la vie littéraire française contemporaine, Christine Angot. Dans Un amour impossible, cette dernière reprend les codes fondamentaux de son oeuvre, avec les talents d’écriture que l’on peut lui attribuer. Le point d’ancrage restant, encore et toujours, son histoire familiale, liée, de près de ou de loin, à l’inceste.

Un amour impossible place ici le personnage maternel comme figure principale. Encore une fois donc, Christine Angot se cloisonne dans un tunnel littéraire établit, qui ne surprend plus réellement. Toutefois, il faut là lui reconnaître un positionnement narratif quelque peu différent, focalisant son propos moins sur l’inceste que sur les relations profondes au sein du carcan familial. Du carcan familial, mais également de la relation que la mère entretenait avec le père, ou encore de l’amour mère/fille. J’ai donc été séduit par l’idée, car, finalement, ce qui fait le fondement de l’oeuvre littéraire d’Angot reste ce qui la définit objectivement en tant qu’auteure.

Il est également inutile de préciser que le livre est construit par rapport au propos, oscillant entre dialogues, récit chronologique, anecdotes. La lecture semble fluide, agréable, et Angot maîtrise, comme souvent, l’art du drame et de l’émotion, sans tomber dans un pathos niaiseux. Au final, ce qui lui sied le mieux reste ici ses thèmes de prédilection, du point de vue narratif, mais également structurel. Ce livre pourrait presque, selon moi, réussir à se faire une place de choix parmi les - nombreux - livres proposés encore en cette rentrée, en raison de son caractère médiatique (le label « histoire vraie » qui attire tant), certes, mais également désinvolte et entêtant.

 

Christine Angot, Un amour impossible, Flammarion, août 2015

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28 octobre 2014

La vie privée, Olivier Steiner

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Vivant, majestueux, passionné, profond, Olivier Steiner pose ici un roman d’une grande classe littéraire. Ignoré par les médias, La vie privée ne se résume pas à l’histoire d’un plan cul. Non. Ce livre n’est pas cet amas de termes crus au schéma actantiel concis et simpliste. Le dominé ne domine pas le dominant. Le mort évoqué au fil des pages n’est pas un sous-pan de la trame narrative. En effet, récit complet au multiples facettes, La vie privée - dont le titre est merveilleusement choisi - est un ouvrage introspectif pour quiconque le lira. À travers un langage que l’on pourra qualifié de cru voire de violent, il révèle une sensibilité partagée entre l’auteur, l’éditeur, mais aussi le lecteur, qui y trouvera son compte. Car chaque phrase pose une question. Chaque page tournée résulte d’une introspection générale qui tend à devenir intime. Olivier Steiner, qui avait déjà brillé par son premier ouvrage - Bohème, paru en 2012 chez Gallimard - montre que la littérature française contemporaine n’est pas morte, qu’il reste quelques chose quelque part, que la perception restera le thème fondateur de notre ère, en dépit de toute conception morale et moraliste de l’existence.

 

Quatrième de couverture : 

Huis clos dans une maison du bord de mer. Tandis que la dépouille d’Émile repose dans une chambre à l’étage, le narrateur attend le dominateur. Une voiture se gare, c’est lui, le voilà dans l’embrasure de la porte, pile à l’heure, et sa ponctualité est déjà une forme de sévérité. Se joue alors la scène primitive, danse d’Éros et Thanatos, entre ombres et lumières, «sexe et effroi». Poussés aux derniers retranchements de la chair et de l’esprit, les corps exultent, souffrent et jouissent, livrent leur essence même. Avec La vie privée, Olivier Steiner signe un voyage sans retour, magnifique oraison funèbre, expérience de lecture rare où se dévoile notre humanité dans ce qu’elle a de plus noir et de plus cru.

 

La vie privée, Olivier Steiner, l'Arpenteur, février 2014, 13,90€, 160 pages

 

21 avril 2014

L'amour sur un plateau (de cinéma), Éric Neuhoff

 

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Woody Allen et Diane Keaton

 

À l'occasion du festival de Cannes, Éric Neuhoff, journaliste et écrivain plus ou moins régulier d'Albin Michel, publie une série de textes relativement fournis, mais surtout très intéressants sur certains de ces couples mythiques qui ont fait l'histoire du cinéma. De Woody Allen et Diane Keaton, en passant par Godard et Karina, Neuhoff focalise notre regard sur ces liens qui se sont faits, défaits, recontruits, au fil du temps. Les textes ressemblent à des chroniques, et c'est avec ce regard relativement journalistique que l'auteur nous expose certains détails, certaines anecdotes, qui peuvent à tout moment influencer notre regard, notre vision, de certains films. 

L'ouvrage que Neuhoff nous propose ici est très cadré, chaque couple se pose comme une entité au sein des différents textes. Dans une perspective littéraire, L'amour sur un plateau n'est évidemment pas digne d'un Goncourt (quoique...), mais l'écriture est fine, calibrée, concise, et l'auteur ne rechigne pas à placer quelques notes d'humour, quelques expressions plus légères - en témoigne le titre même de l'ouvrage - de sorte à rappeler que ce livre n'est pas ce genre de livre pompeux et intello qui fait frémir les plus néophytes. Bien sûr, des références explicites à certains films des cinéastes sont évoqués, mais comment ne pas le faire lorsque l'on pénètre dans une intimité certaine, où des ponts évidents entre vie privée et professionnelle doivent être faits ?

 

À noter que L'amour sur un plateau sort en librairie le 7 mai.

 

L'amour sur un plateau, Éric Neuhoff, L'Herne, mai 2014, 14€, 93 pages

 

18 janvier 2014

Le désordre azerty, Éric Chevillard

 

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Le petit abécédaire de notre Chevillard national, publié chez Minuit en début d'année, est tout ce que l'on peut attendre d'un écrivain tel que lui. En partant de ce concept singulier, Chevillard - comme à son habitude - casse la cohésion. Dans la construction, mais aussi dans les phrases, où des mots que peu usités sont employés, où des idées que lui seul maîtrisent sont évoquées. Personnage principal de son ouvrage, Chevillard nous dévoile des articles tels que Quinquagénaire (N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?), mais nous parle aussi de Beckett, de littérature, tout en gardant cet esprit subjectif que suggère indubitablement le concept d'abécédaire. 

En bref, ouvrage sans surprises, de par les surprises que Chevillard y place. Du Chevillard comme on aime en lire, de la littérature qui stimule, qui bouge, malléable à souhait.

 

Le désordre azerty, Éric Chevillard, Minuit, janvier 2014, 17€, 202 pages

 

9 janvier 2014

En finir avec Eddy Bellegueule, Édouard Louis

 

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Dans En finir avec Eddy Bellegueule, il est indubitablement moins question de constater des faits objectifs que de réfléchir à ceux-ci. Car Édouard Louis - 21 ans - nous impose son récit - qui n'est donc pas un roman - comme savent le faire aujourd'hui Christine Angot ou Simon liberati. Ouvrage - délibérément autobiographique - véritablement poignant de cette rentrée de janvier, le lecteur est captivé dès la première phrase - qui n'est pas sans nous rappeller le célèbre Aujourd'hui, Maman est morte d'Albert Camus dans L'Étranger : De mon enfance je n'ai aucun souvenir heureux. Concises, efficaces, accrocheuses, les premières pages d'En finir avec Eddy Bellegueule semblent annoncer un livre prometteur, tant sur le fond que sur la forme. Et, de fait, l'impression semble se confirmer au fil du livre. Sur fond de déterminisme - voire d'apreté - social, mais aussi familial, la deuxième partie est puissante, nous emporte dans un tourbillon de sensations via la valeur stylistique sensiblement crue adoptée par l'auteur. Les mots choisis sont simples, sobres - on notera toutefois deux strates de langage - mais prennent tout leur sens dans le contexte, et mis en relation avec l'ensemble des petits chapitres dont se compose le récit. Il ne s'agit pas là pour Édouard Louis de s'entraîner à un exercice de style, mais peut-être plutôt d'expier des souvenirs qui, avec le temps, ont prit un sens tout autre, beaucoup plus forme et déterminant pour le jeune auteur qu'il est aujourd'hui. Un livre probablement à lire, définitivement à découvrir. 

 

Quatrième de couverture : "Je suis parti en courant, tout à coup. Juste le temps d'entendre ma mère dire Qu'est-ce qui fait le débile là ? Je ne voulais pas rester à leur côté, je refusais de partager ce moment avec eux. J'étais déjà loin, je n'appartenais plus à leur monde désormais, la lettre le disait. Je suis allé dans les champs et j'ai marché une bonne partie de la nuit, la fraîcheur du Nord, les chemins de terre, l'odeur de colza, très forte à ce moment de l'année. Toute la nuit fut consacrée à l'élaboration de ma nouvelle vie loin d'ici."

En vérité, l'insurrection contre mes parents, contre la pauvreté, contre ma classe sociale, son racisme, sa violence, ses habitudes, n'a été que seconde. Car avant de m'insurger contre le monde de mon enfance, c'est le monde de mon enfance qui s'est insurgé contre moi. Très vite j'ai été pour ma famille et les autres une source de honte, et même de dégoût. Je n'ai pas eu d'autre choix que de prendre la fuite. Ce livre est une tentative pour comprendre.

 

En finir avec Eddy Bellegueule, Édouard Louis, Seuil, janvier 2014, 17€, 220 pages

 

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20 mars 2013

Le voyage près de chez moi, Jérôme Attal

 

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Quelle est la matière première d'un roman ? Comment un écrivain parvient-il à canaliser ses idées pour en tirer une oeuvre littéraire ? Pour Jérôme Attal, l'idée du Voyage près de chez moi serait venue d'une simple proposition de son éditeur, Stéphane Millon, après lui avoir annoncé qu'il déménageait dans la rue d'en face. Original, cocasse, risible, le fait est que ce concept narratif réussit plutôt bien à Jérôme Attal, qui nous dévoile ici un très beau roman. 

 

En effet, si l'idée pourrait paraître, à première vue, risible, la truculence de la quatrième de couverture pourrait rapidement modifier cet à priori. Le concept du déménagement seul, avec pour unique véhicule un petit caddie jaune, donne clairement le ton du livre. Comique, accessible, mais néanmoins pas grossier. Malgré l'intrigue simple du roman, la plume de Jérôme Attal se révèle être ponctuée de références pointues, de petits quiproquos finement menées, qui apporte au livre un réel aplomb. 

Le voyage près de chez moi étant ouvertement inspiré autobiographiquement - on pourra notamment repérer des allusions aux études de cinéma, ou encore au métier de parolier de l'auteur - la lecture n'en devient que plus stimulante car un lecteur lambda pourra ainsi se fondre plus ludiquement dans la peau du narrateur. S'ajoutant à cela un style très accessible et résolument cinématographique, de par l'enchaînement des rencontres, et leurs potentiels comiques respectifs.

 

Ainsi, cette autobiographie romancée se révèle être un bon moment de lecture, tant par sa désinvolture apparente que par son ton décalé. Jérôme Attal confirme, encore une fois, le caractère surprenant et divertissant de son écriture, sans pour autant oublier une prochaine publication. 

 

Le voyage près de chez moi, Jérôme Attal, Stéphane Millon Éditeur, février 2013, 16€, 204 pages

 

19 février 2013

La passion suspendue, Maguerite Duras (Entretiens avec Leopoldina Pallotta della Torre)

 

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Les Éditions du Seuil publient un dialogue jusqu'ici disparu, après une unique publication en italien. Marguerite Duras se confie à la journaliste italienne Leopoldina Pallotta della Torre sur divers sujets liés plus ou moins directement à sa vie, à son oeuvre. 

 

À partir de cet entretien - très stimulant au demeurant - Marguerite Duras évoque sa vision du cinéma, son enfance particulière, ou encore l'importance qu'elle accorde aux lieux pour son travail d'écriture. À travers des éléments d'informations parfois évidents, souvent pertinents, le lecteur se retrouve à partager l'intimité, la vision d'un quotidien et de l'existence d'une figure littéraire majeure au XXème siècle.

Les questions - parfois de simples phrases, conférant alors au livre une véritable essence de dialogue - et les sujets évoqués par Leopoldina Pallotta della Torre sont, pour la grande majorité, des véritables interrogations de fond. L'évocation de références - souvent culturelles - importantes pour l'auteure est alors facilitée, et le propos n'en ressort que plus pertinent.

 

C'est donc là un entretien enrichissant et très stimulant que publient les Éditions du Seuil. Structuré de telle manière que le lecteur s'y retrouve aisément, La passion suspendue reste un beau cadeau à faire à un amateur de l'oeuvre de Duras. 

 

La passion suspendue, Marguerite Duras (Entretiens avec Leopoldina Pallotta della Torre), Seuil, janvier 2013, 17€, 188 pages

 

17 février 2013

L'apiculture selon Samuel Beckett, Martin Page

 

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Un jeune doctorant en anthropologie se voit confier la tâche de classer les documents de l'écrivain irlandais Samuel Beckett. Le livre présenté par Martin Page prend alors la forme d'un journal, permettant ainsi de découvrir un Beckett totalement atypique sorti de l'imaginaire de l'auteur.

 

L'apiculture selon Samuel Beckett alterne descriptions de l'auteur et moments d'introspection avec une véritable clarté. Le lecteur prend alors grand plaisir à découvrir un écrivain résolument différent des qualités que l'histoire littéraire lui prête. Martin Page défie la mémoire littéraire, et interroge son héritage avec une plume simple et efficace, qui plaira sans doute à bon nombre de lecteurs. Il va sans dire que les caractéristiques et anecdotes contractées par Martin Page sont souvent pleines d'humour et de dérision, tout en gardant certains détails véridiques, tels que Suzanne, la femme de Beckett. Un bel objet publié aux Éditions de l'Olivier.  

 

L'apiculture selon Samuel Beckett, Martin Page, L'Olivier, janvier 2013, 12€, 87 pages

 

14 février 2013

Moi... Karl Lagerfeld, Jérémy Patinier

 

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En ce mois de février, les Éditions de l'Opportun publie l'autobiographie imaginaire du célèbre couturier Lagerfeld. Mis en relief par Jérémy Patinier, ce livre pourrait être qualifié de puzzle, dont les nombreuses pièces viennent de divers entretiens avec le mystérieux KL. 

 

Moi... Karl Lagerfeld peut se targuer de dévoiler un visage authentique du créateur, puisque chaque phrase fut émise par le protagoniste principal de cet ouvrage. Et c'est là l'atout véritable de ce recueil de pensées et anecdotes : il rassemble, condense et extrait le meilleur de ce qui fait que l'on aime ou déteste le couturier. Tout un chacun peut alors y découvrir sa relation avec le téléphone, son aventure avec H&M, ou encore découvrir sa journée type. Tout cela est accompagné, en fin d'ouvrage, d'un condensé biographique qui aurait pu manquer à la spontanéité de l'ouvrage. 


En bref, Moi... Karl Lagerfeld révèle un visage complet de cet homme - tantôt génial, tantôt abhorré par le public et la presse - tout en faisant cette autobiographie que Lagerfeld n'a pas proposé au public.

 

Moi... Karl Lagerfeld (une autobiographie imaginaire), Jérémy Patinier, L'Opportun, février 2012, 13€, 191 pages

 

9 février 2013

06h41, Jean-Philippe Blondel

 

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Après Rester vivant, Jean-Philippe Blondel nous revient avec 06h41, toujours chez Buchet-Chastel, dont l'intrigue se situe dans le train reliant Troyes à Paris. Dans ce train vont se croiser Cécile Duffaut et Philippe Leduc, dont les chemins s'étaient séparés vingt-sept ans auparavant. Que va leur réserver ce voyage ? C'est là la question soulevées par l'auteur, où les émotions se mêlent, et donnent naissance à ce livre très marqué par les souvenirs.

 

Grâce à son écriture sobre et épurée, Jean-Philippe Blondel permet au lecteur de se plonger corps et âme dans cette histoire où les deux protagonistes se croisent et se sont croisés. Cogitant en leurs fors intérieurs, Cécile et Philippe se remémorent, réalisent, regrettent, pour, lorsqu'il s'agit de descendre du train, défier les préjugés et détruire leurs pronostics. Un livre sentimental qui contourne la mièvrerie.

 

06h41, Jean-Philippe Blondel, Buchet-Chastel, janvier 2013, 15€, 232 pages

 

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