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Actualité et nouveautés littéraires
13 mai 2012

La maternité, Mathieu SIMONET

 

9782021076752

 

Dans ce récit aux traits autobiographiques, le narrateur raconte, sous forme de journal de bord, l'évolution de la maladie de sa mère, dont la personnalité illumine le roman. On peut aperçevoir, dans son écriture, que cette période fut, pour lui, assez troublante, en raison des nombreuses questions qu'il pose à son père, aux médecins, etc, comme pour se sentir accompagné. Quoi qu'il en soit, le pilier du roman est clairement la mère de l'auteur; En témoigne le mot Maman, repris à, plus ou moins, 380 reprises au fil du texte.

 

L'écriture de La maternité est fluide, claire et dépouillée, comme l'est le cours des choses dans le roman. Toutefois, la figure maternelle est décrite avec une certaine pudeur. Un retrait qui se noie petit à petit dans l'émotion, et qui se déshinibe, au fur et à mesure que l'état de la mère évolue. On sait que la mort est la fin probable, on nous l'annonce explicitement (même si la suite des événements nous en fera douter) :

"Quel est son pourcentage de guérison ?

- Aucun. Votre mère ne guérira pas."


Par ailleurs, la figure médicale, souvent porteuse de mauvaises nouvelles dans le récit, n'est pas maltraitée. Les médecins sont uniquement des personnages secondaires qui viennent donner au roman cet aspect concret et authentique.

C'est alors le temps pour le narrateur de se replonger dans des souvenirs et des interrogations, de par des questions posées à sa mère, à une bénévole en soins palliatifs, à son père - peu présent en réalité - etc, mais également de par une introspection filiale. Une partie du roman semble ainsi se transformer en réceptacle à souvenirs, toujours liés à la figure maternelle.

 

Cependant, les événements présents rattrapent très vite le passé. A chaque étape franchie dans le récit, on sent croître cet amour filial, qui finira par être dénué de retenue. En effet, la narrateur aura très vite à être confronté à une décomplexion assumée, et sera amené, notamment, à voir le pubis, les fesses de sa mère, qui elle-même admet : Je n'ai pas de pudeur. Je n'ai pas de gêne. À travers le regard d'un fils sur sa mère, on constate une déchéance physique, parfois morale. En témoignent des phrases comme Elle ne peut plus parler. Elle ne peut plus dire si elle a honte. C'est ainsi une vision objective de cette figure maternelle qui nous est livrée ici, peut-être non sans difficultés. 

 

À travers un thème assez restreint du point de vue narratif, Mathieu SIMONET délivre un roman familial, une chronique d'une mort anoncée, sous forme de manifeste de l'amour filial. Sans trop de pathos, il parvient à intégrer le lecteur à son histoire, et - de par la forme du journal de bord - donne presque à son roman une forme d'échéance avant la fin. Par ailleurs, la personnalité singulière de la mère éclaircit cette fin d'existence, et le roman se transforme peu à peu en une apologie de la vie en soi. En bref, un bel hommage à la figure maternelle et à la vie.

 

La maternité, Mathieu SIMONET, Seuil, mai 2012, 17€


 

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Commentaires
G
Je viens de trouver votre belle analyse du livre de Mathieu Simonet, bien plus compète et objective que la mienne. Vous aussi vous avez remarqué le nombre de "Maman". Je reviendrai vous lire de temps en temps.
T
Oui oui, quand même !
F
Etudiant dans le domaine littéraire, au moins ?
T
Merci beaucoup ! Haha non, pas libraire, étudiant seulement..
F
Une critique profonde en analyse effectivement. Je n'avais ps vu ces points là en lisant le récit. Libraire serais-tu, pour avoir une vision aussi fine ?
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