Comme une bête, Joy Sorman

Comme une bête est, le nouveau roman de Joy Sorman, est présent dans la deuxième sélection du prix Goncourt. Écrit dans la droite lignée de ses précédents livres, ce roman s'intéresse à Pim, jeune homme dont l'objectif est de devenir boucher. L'intérêt pour l'univers boucher est le point d'ancrage du roman, qui s'accorde formidablement avec le style, très enlevé mais également très pointu.

Comme dans certains de ces romans, Joy Sorman se fixe, s'accroche à un thème. Ici, donc, le monde de la boucherie, qui ne quitte pas le lecteur du début à la fin. Le personnage principal. Raconté sous forme de récit - pas totalement objectif au demeurant - Comme une bête trace le parcours scolaire, mais également personnel, du jeune Pim. À travers ces bribes de textes sont insérées des digressions, des descriptions, mais aussi des modes d'emploi technique sur la découpe de la viande, l'ambiance des abattoirs, les mesures sanitaires, etc. Tout cela est raconté avec une plume sobre mais extrêmement addictive.

En effet, c'est ici la sobriété qui prime. Comme une bête n'est pas un livre où le sang jailli de chaque page, mais est bel et bien un simple récit, qui s'amuse à décortiquer les faits avec un mécanisme simple d'écriture. Le lecteur n'est jamais horrifié, mais est toutefois emporté pendant près de 170 pages dans ce monde inconnu du plus grand nombre. 

Joy Sorman rivalise donc ici avec Gros oeuvre, ou encore Du bruit, et le résultat est pleinement réussi. La liaison du fond et de la forme s'opère avec brio, et le lecteur apprend, découvre, et se sent impliqué dans sa lecture et dans son attachement - plus ou moins fort - au personnage principal, fil conducteur du récit.

Comme une bête, Joy Sorman, Gallimard, août 2012, 16.50€