Noces de sel, Maxence FERMINE
Sous un fond de Camargue, d'amour impossible et d'une écriture bancale, Maxence Fermine livre 120 pages d'un roman aux accents d'inachevé. Dans la lignée de Billard blues ou d'Opium, Noces de sel pourrait faire ressentir au lecteur cette langueur, cet ennui, qui nous fait tourner les pages sans grand intérêt.
Le titre – Noces de sel – est continuellement évoqué, détourné, voire rabâché au lecteur au fil des pages, sous forme d'expression, d'évocation plus ou moins subtile, etc. Tout cela est, de fait, lié à cette écriture. Le style de Maxence FERMINE est, dans ce roman, très difficile à appréhender, de par – de façon très contradictoire – sa simplicité amateur. L'écrivain n'en n'est pas à son premier roman, mais il réside pourtant cette pensée que l'écrivain est un néophyte dans son domaine. Comme s'il fallait combler le manque d'inspiration par des suites de mots. En témoigne cette liste des différents symboles du mariage au fil des années (15 ans, noces de cristal ; 16 ans, noces de saphir, etc.) qui se termine sobrement par l'évocation des noces de sel : un instant ou l'éternité. L'esprit débutant réside également dans l'utilisation de métaphores parfois peu compréhensibles, d'autres fois assez éculées, qui rendent le récit moins plaisant. De plus, le texte est parsemé de digressions, où le lecteur pourrait se demander in petto : quel en est l'intérêt ? Au fil des pages, Maxence FERMINE adopte un ton didactique, à la manière des livres documentaires, pour nous décrire des événements, lieux, etc. Là encore, la question de l'intérêt fait surface.
Le thème fut, quand à lui, traité à de nombreuses reprises en littérature. L'amour impossible en raison d'un mariage arrangé laissait, en effet, peu de place à l'originalité. De plus, le lecteur ne s'identifie pas totalement aux personnages, malgré la volonté de FERMINE de leur donner une consistance psychologique. Il s'essaie d'ailleurs à un certain exotisme dans le prénom de certains : Isoline, Assunta, Maya, … Toutefois, cela ne serait pas suffisant pour faire entrer la plupart des lecteurs dans cet univers.
C'est une fiction pour le moins classique que nous livre ici Maxence FERMINE. Histoire sans réelle possibilité novatrice, écriture enfermée dans un carcan, lieux communs stylistiques, les conditions pour faire un roman engageant n'étaient pas réunies, et c'est avec une certaine lassitude que le lecteur pourrait refermer ce récit.
Noces de sel, Maxence FERMINE, Albin Michel, mai 2012, 12.50€