La belle année, Cypora PETITJEAN-CERF
Dans La belle année, Cypora PETITJEAN-CERF prend la plume de Tracey Charles, onze ans, collégienne à Saint-Denis, et plutôt futée pour son âge. Au fil des saisons, le lecteur assiste au quotidien de la fillette sous formes de petites scènes de la vie quotidienne. C'est avec une écriture expressive et moderne qu'une année va s'écouler, avec ses hauts et ses bas, accompagnée par des personnages plus ou moins figés.
Adopter la voix d'un enfant est un exercice littéraire très périlleux. Dans La belle année, l'exercice est, dans l'ensemble, réussi. On arrive cependant à repérer des failles lexicales, mais à de rares reprises. Le fait que Tracey soit une fille intelligente aurait pu être une aide supplémentaire, dans l'optique d'écrire le plus juste possible. L'écriture en elle-même est fluide et très contemporaine, osant même les fautes de français pour certains personnages. Le fond n'est pas pathétique, mais est subtilement touchant, et c'est grâce à la forme du récit - oscillant entre journal intime et monologue - et au jugement - quelque peu nonchalant - de Tracey que des révélations se font, permettant au roman d'évoluer.
Presque tous les personnages sont narrativement et psychologiquement intéressants à étudier, tout comme leurs relations. Tous ont un réel rôle dans le développement de l'intrigue. Leur modernité et leurs lot de problèmes en font des êtres attachants, auxquels il n'est pas difficile de s'identifier. Tracey elle-même nous apparaît comme le plus intéressant des protagonistes. Elle livre au lecteur ses névroses et illusions d'enfants; sa religion du huit ou son homosexualité étant des exemples probants. Le lecteur la découvre sans gêne ni tabous, osant tout se dire.
Écrit d'une façon détachée mais pudique, La belle année est un livre intéressant, de par ses personnages, son écriture et son cadre. Il convient toutefois de mentionner la fragilité certaine de l'intrigue, s'épuisant au fil des pages, rendant ainsi le roman de moins en moins surprenant. Enfin, la question qui pourrait se poser au lecteur serait celle du sens de ce roman. Quel en est réellement le message ? Le lecteur pourrait en effet rester interpellé à la fin de cette lecture.
La belle année, Cypora PETITJEAN-CERF, Stock, février 2012, 19.50€