La liste de mes envies, Grégoire DELACOURT
Lorsque Jocelyne, mercière à Arras, tenant un blog de couture, se voit gagner dix-huit millions d'euros à la loterie, son quotidien s'effrite et se voit troublé par sa perception des choses. Ce chèque qui pourrait changer sa vie, faut-il l'encaisser ? Quelle que soit sa décision, Grégoire DELACOURT rend la vie de son personnage diamétralement différente, et se place clairement en poseur de questions.
Ce roman est le deuxième écrit par Grégoire DELACOURT, un cap généralement difficile pour les écrivains. On peut y déceler une écriture et un style très simples - peut-être un peu trop - et plutôt épurés, rendant ainsi la lecture facile et agréable. Dès le départ, le lecteur est plongé dans le quotidien classique d'une femme provinciale typiquement normale, qui se complait - comme de nombreuses personnes - parfaitement dans cette vie ordinaire. On sent très vite que l'intrigue va évoluer, sans réellement savoir comment. En effet, la narratrice - qui est également le personnage principal - remporte cet argent, mais le flou narratif intervient par la suite. Que va changer ce gain dans la vie de Madame Toutlemonde ?
Ainsi détentrice d'une somme astronomique encore non encaissée, Jocelyne se prend à énumérer la liste de ses envies. On remarque très vite que la démesure n'est pas le leitmotiv de sa vie. En effet, on peut lire une lampe pour la table de l'entrée, un presse-légumes, ou encore une nouvelle pince à épiler. On reconnaît là une tentative de la part de Grégoire DELACOURT de se rapprocher au plus près du quotidien sans fioriture des gens comme Jocelyne, au quotidien banal et terne mais se complaisant dedans; sans réelle perspective d'avenir, mais heureux dans leur cocon.
La question qui se pose également dans ce roman est celle de l'entourage. Après avoir gagné dix-huit millions d'euros, comment se comporter face à ses proches, et vice-versa ? L'auteur fait directement tourner son roman autour de ce thème, de façon plus ou moins subtile. En effet, c'est via la psychologie et le discours de la narratrice que l'on perçoit l'histoire, et cette façon de voir les choses, d'un oeil assez simpliste, nivèle le lecteur et le personnage principal dans leur appréhension des faits. Le lecteur pourrait ainsi avoir l'impression d'être lésé dans la perception des choses, et aimerait parfois avoir le point de vue de certains autres protagonistes, donnant une autre dimension de la pensée de Jocelyne. C'est donc le choix de la première personne, biésant peut-être le déroulement objectif des faits dans un roman comme celui-ci, qui pourrait être ici mis en cause.
En bref, Grégoire DELACOURT nous fait ici part d'un roman sans prétention, tout comme son personnage; à l'écriture simple, tout comme sont déroulement et les questions qu'il soulève. C'est peut-être là que se trouve la faiblesse du roman, partisan du roman de gare, au sens large du terme.
La liste de mes envies, Grégoire DELACOURT, JC Lattès, février 2012, 16€